lundi 16 février 2009

"Beauté volée" de Bernardo Bertolucci


Oui, je sais, ça paraît hors sujet… Bertolucci, Liv Tyler et Jeremy Irons, en 95! Ma que relacion con la realidad de los chinese? Même pas une miette de chti's! En italospagnol c'est déjà bien, non? Et puis, malgré les apparences, c'est bien là que passerelle - ou absence de - font pleinement sens… Bertolucci est né en 41. S'il a aujourd'hui 68 ans, il en avait donc 53 lors du tournage de Stealing beauty. Encore vigoureux le vieux beau, toujours aussi centré sur la chose qui nous rend idiot, crétin, géniaux, vivant, maso, vilain, au moins proche des saints intronisés par accident, erreur de casting, karma sous ecsta, etc. Bref, les enfants, nous avons là un petit précipité d'idéalisme post soixante huitard d'autant plus délicieux que the cherry on the cake n'est autre que Liv Taylor dans l'exact 19ème année de sa vie et du film et que l'on se frotte les yeux en se demandant comment une gamine peut interpréter ça, avec la distance, l'incarnation la vraie, le trouble et l'authenticité, le talent et la fraîcheur…
Le vieux barde italien a peu débandé depuis le dernier tango et tiendra la rampe jusqu'aux Innocents – The dreamers en 2003. Peu importe ce qu'il filme! Scénario prétexte… Un groupe, composante essentiellement familiale mais avec droit d'inventaire, un intrus (de préférence étranger – le réactif par excellence) et ce que cela suppose de dérèglements et de capacité à intégrer/gérer cette intrusion aux conséquences aléatoires. Don't bogart the joint, buddy… Old school style… Et finalement pas tant que ça! Les protagonistes sont tous occupés à leur business sans perdre de vue ce que l'autre peut offrir de régénérescence, d'existentialiste excursion au pays des rêves enfouis au fond du jardin alors que l'on jurait fidélité à un quelconque intégrisme… Là où Bertolucci explose le cadre et offre ses lettres de noblesse trop mûre à une jeunesse trop verte, c'est qu'il épouse parfaitement le point de vue de l'intrus(e), du je narcissique, épouvanté, manipulé/manipulant, qui se doit en toute humanité d'ambitionner de diriger le monde! Jeremy Irons, perfection minérale, tombe amoureux avant de partir en ambulance en finir avec son cancer… Sortie des artistes. Bertolucci a quelque chose de touchant: la mort approche sans parvenir à le distraire… Ses idéaux de jeunesse, toujours aussi peu d'actualité, conduisent ses histoires en dépit des modes et des horizons, sur le chemin inaltérable de la conquête du rêve qui emportent l'adhésion des publics… Quelques précisions cependant… La mère de l'ingénue vient de mourir, le père est inconnu… Liv Tyler vient conquérir un monde libre dont elle est d'ores et déjà libérée. Et donc, le bel Italien peut se présenter, celui de son adolescence, celui qu'elle n'avait pas oublié, etc.
Beauté volée n'est pas un formel chef-d'œuvre cinématographique, ce n'est qu'un idéal de vie dont l'humilité peut nous rendre honteux de sacrifier à d'autres considérations. Autant dire qu'en cas de fièvres, acheteuse, égoteuse, oedipeuse, il ne faut pas hésiter à en abuser…
Et donc, au creux du carcan sécuritaire, au pays des 'il faut', 'tu dois', 'il est interdit de', 'jamais tu/toujours tu', Stealing beauty a valeur d'alphabet, de grammaire, et d'instruction civique – bien entendu, l'histoire de l'art est en filigrane et l'amour ne prend pas les gens pour des cons. Bréviaire pour les victimes d'intégrismes soucieuces de se former au difficultés de la liberté.

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