jeudi 12 février 2009

"Slumdog millionaire" de Danny Boyle

Petits meurtres entre amis et Trainspotting avaient déjà permis de découvrir que Danny Boyle était un bon réalisateur et un réalisateur malin, au moins dans son flair pour transformer un scénario intelligent en petite pépite cinématographique à consommer entre inconnus du monde entier. Ses invariants tiennent de l'universalisme: l'argent, la cupidité, la trahison mais la fidélité, la haine mais l'amour, etc. Cette fois-ci, une méga dose d'exotisme propulse l'opus au top de tous les festivals du monde. Slumdog millionaire est tellement bien ficelé qu'il serait capable de réconcilier Caïn et Abel, Bouvard et Pécuchet, ou en l'occurrence Krishna et Arjoun puisque le thriller social se déroule en Inde à Bombay.
A ceux qui sortiraient de quelques semaines de comas et ne connaîtraient pas l'histoire, nous dirons simplement qu'un gueux de là-bas décroche la super timbale dans un jeu TV et se retrouve torturé dans le commissariat local pour avouer une tricherie dont il est innocent. Il va justifier ses réponses gagnantes une à une à un flic devenu compréhensif par émotion, compassion, à l'écoute du récit de sa vie….
Les dix ou vingt premières minutes passées (en fonction de la capacité de chacun à rester bouche bée sans oser cligner des yeux), on commence à voir venir une énormité bollywoodienne retaillée worldbuster: Oliver Twist s'est dégotté un petit frère chez les intouchables et une poulette pour la page centrale du National Geographic. A partir de là, le spectateur fait son choix. La transposition de "Qui veut gagner des millions?" au pays de la misère business est bien vue ou insupportable; l'esthétisme du bidonville (slum) est too much ou un hymne à la vie en résistance; les méchants sont nuls, caricatures de roman-photo, ou d'une connerie aussi crédible que la situation où elle les a conduits, etc. Hitchcock disait qu'il ne fallait pas avoir peur des clichés, seulement bien les utiliser. C'est ici magistralement fait! Jusqu'au générique final que les esprits retors pourront considérer comme une compromission locale quand il ne s'agit que d'un clin d'œil permettant pour une fois d'apprécier un générique de fin! Bref, si Slumdog millionaire, tiré d'un best-seller indien, fait la part belle au destin/karma, c'est que Danny Boyle n'ignorait pas qu'il devrait affronter quelques petits esprits jouant à Roland Barthes période école primaire, mais qu'ils ne feraient pas le poids face aux sourires déclenchés par une brochette de gosses qui, d'un bout à l'autre du film, courent après la vie, après l'amour, et finissent par les rattraper. Il n'est pas sain de bouder son plaisir sous couvert de faux intellectualisme, Slumdog millionaire est une superbe proposition pour ceux qui en sont convaincus.
PS - Comment raccorder avec la Chine? Impossible! Une telle mafia dans ce film, des flics tellement stupides et une corruption tous azimuts dans un contexte sans foi ni loi, qu'on ne peut imaginer pareil anarchie dans un pays qui vient d'interdire Batman parce que l'un des méchants est Chinois...

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