mercredi 29 avril 2009

Parole d'homme


Le site Altermonde-sans-frontière met en ligne un poème de Leonard Cohen, chanteur Canado-américain d'origine juive qui eut son heure de gloire dans les années 70 pour son engagement contre la guerre du Vietnam. Le poème intitulé Questions au Shomrim s'adresse à l'organisation juive qui regroupe aux Etats-Unis les policiers et miliciens qui entendent assurer la protection des Juifs américains. Le texte dénonce la guerre, les guerres, Palestine et Vietnam, est évidemment valide concernant l'Irak malgré son antériorité, et se souvient de la fraternité au-delà des frontières…
Cette courte présentation pour rappeler une fois de plus qu'un homme ne peut être réduit à sa nationalité et/ou ses origines, que sa vision du monde ne regarde que lui et que ses convictions, quelles qu'elles soient, ne peuvent trouver refuge derrière un drapeau ou un troupeau. Le courage des braves qui se positionnent s'il le faut en dehors de la masse sourde et aveugle "se nomme aussi amour de leur pays, amour de la vie", comme le dit très bien Jean Dornac d'Altermonde-sans-frontière. Leonard Cohen n'est pas un saint, c'est un homme libre, ses écrits ont l'incomparable justesse de celui qui ne se préoccupe que du respect de la vie. Dès lors toute hiérarchie s'efface, l'homme parle à l'homme de l'homme…

Ci-dessous le texte en français suivi de la version originale en anglais:

Questions au Shomrim
Et mon peuple bâtira-t-il un nouveau Dachau
Pour l’appeler amour,
Sécurité
Culture juive
Pour les enfants aux yeux sombres
Brûlant dans les étoiles
Tous nos chants hurleront-ils
Comme les aigles enragés de la nuit
Dès lors que Yiddish, Arabe, Hébreu et Vietnamien
Sont un mince filet de sang qui marque le côté
De chambres métalliques innommables
Je te connais Chaverim
La jeunesse perdue des nuits d’été de notre enfance
Que nous passions aux coins des rues à découvrir la vie
Dans nos maigres connaissances de Marx et Borochov
Tu m’avais appris la symphonie italienne

Et le Nouveau Monde.
Et fait un sketch sur les enfants Arabes qu’on explose
Tu m’avais appris beaucoup de chansons
Mais aucune aussi triste
Que le napalm tombant lentement dans l’obscurité
Vous étiez nos héros chantants en 48
Oserez-vous vous demander qui vous êtes maintenant
Nous, toi et moi, étions amants autrefois
Car seules les nuits sauvages de lutte dans la neige d’or
Peuvent faire un amour
Nous marchions au clair de lune
Et tu me demandais de mener l’Internationale
Et maintenant mon fils doit mourir
Parce qu’il est Arabe
Et ma mère aussi, parce qu’elle est Juive
Et toi et moi
Pouvons seulement pleurer
Le peuple Juif doit-il
Construire aussi nos Dachaus ?

Léonard Cohen, poème des années 70



Questions for Shomrim
And will my people build a new Dachau
And call it love,
Security,
Jewish culture
For dark-eyed children
Burning in the stars
Will all our songs screech
Like the maddened eagles of the night
Until Yiddish, Arabic, Hebrew, and Vietnamese
Are a thin thread of blood clawing up the side of
Unspeaking steel chambers
I know you, Chaverim
The lost young summer nights of our childhood
We spent on street corners looking for life In our scanty drops of Marx and Borochov.
You taught me the Italian Symphony

And the New World
And gave a skit about blowing up Arab children.
You taught me many songs
But none so sad
As napalm falling slowly in the dark
You were our singing heroes in ’48
Do you dare ask yourselves what you are now
We, you and I, were lovers once
As only wild nights of wrestling in golden snow
Can make one love
We hiked by moonlight
And you asked me to lead the Internationale
And now my son must die
For he’s an Arab
And my mother, too, for she’s a Jew
And you and I Can only cry and wonder
Must Jewish people
Build our Dachaus, too ?

Léonard Cohen, poem from 70’s

http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article10405

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