mardi 10 mars 2009

Barbie: une blonde liftée, un modèle ruiné...

Barbie est désormais une ménagère de plus de 50 ans… Autant dire qu'elle ne fait plus recette. Du côté de chez Matel, géant américain de l'entertainment post-natal et expert en formatage précoce, on invoque volontiers la crise pour justifier des pertes record, c'est peut-être la première fois que cette dramaturgie socio-économique est aussi clairement instrumentalisée par un industriel. Barbie était déjà has been, totalement ringardisée, pour son trentième anniversaire. Vieille peau avant l'âge, coincée entre un Ken évidemment impuissant (un brushing pareil…) et un G.I. Joe bodybuildé genre sauvons la patrie entre hommes, personne ne la regardait plus… Et de plus en plus de moins en moins… Elle a patienté comme une vieille speakerine qui guette le lancement d'une émission culinaire pour tenter une seconde carrière. Et son come-back est arrivé comme un rayon de soleil radio-actif… Le 5 de ce mois, le géant américain du jouet planétaire (donc fabriqué en Chine), visant clairement le ramollissement du cerveau et le conditionnement du consommateur pré-pubère, vient d'ouvrir un huit étages sur Huai Hai zhong lu. Le décalage d'un demi-siècle est donc confirmé, entériné par une flopée de marmaille nantie, ébaudie surtout par le bonheur de leur maman qui en ont rêvé toute leur vie sans obtenir mieux que la voir de très loin. Une nouvelle connexion est donc établie entre l'Occident débilitant et la Chine actuelle en pleine séance de rattrapage consumériste et décérébré. Qui va se charger d'annoncer aux gamines de Shanghai que les Barbies de chair et de sang de l'Occident sont sous Prozac?
Chaque jour, seul, en couple, ou entre amis de toutes les nationalités (y compris chinoise), nous guettons un signe d'évolution, une décrispation de l'intérieur qui renonce à fustiger l'étranger pour justifier le chaos rutilant de la globalisation. Le moins que l'on puisse dire, c'est que cette évolution ne semble pas au programme… C'est la peur qui règne, qui est entretenue en toute occasion, y compris l'ouverture d'un magasin de poupées avec cordon de flics à l'entrée! Quel cerveau malade peut imaginer une émeute de gamines en mal de Barbie? On crée donc l'artifice de l'importance, du contrôle de l'ordre, pour une vieille poupée liftée mise en scène pour des petites filles sommées de rassurer leur maman: "Mais si, maman! C'est fini, tu sais… Tu vois, on a même Barbie, maintenant…". Complicités internationales et nationalismes paravents de ces complicités.
Photos: Magnum et Reuters

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